SITE WF U MU 020 A - ATUVALU - carte n°17 -
ATUVALU signifie “les huit tombes alignées”.
Le site se trouve à VAIMALAU, sur la côte Ouest, c’est en ensemble funéraire de sépulture “royales”, situées au sommet d’une éminence sur la pointe de LAUSIKULA, “feuille de Cordyline terminalis rouge”, qui domine la mer d’une centaine de mètres.
Les traditions orales se rapportant au site sont souvent confuses. Divers épisodes de l’histoire ancienne y font référence. Les grands-Chefs et leurs guerriers, morts à la guerre de MOLIHINA y seraient enterrés. C’est là, également, que serait inhumé le roi HAVEA FAKAHAU, 3èm règnant de la première dynastie de la chronologie de Henquel, mort à LOLOKEA, (HI-003) où il s’était réfugié après la guerre contre les frères TALAPILI et TALAMOHE.
Là, se trouverait également, la sépulture de OHOPULU, fille de KALAFILIA, épouse de TUI ALAGAU, qui donna naissance à ALAKUAULU à MALAMA TAGATA, éclairée par des hommes décapités, des Tongiens dit-on, transformés en torche humaine (MU - 46).
Certaines sépultures pourraient se rapporter aux chefs des HAAVAKATOLO, qui occupaient cette région.
C’est un ensemble complexe
comprenant : - Planche photos
un espace de 5 m de diamètre avec un entourage de blocs de pierre (E figure 49).
plusieurs types de tertres funéraires,
des murets de 0,6 m à 0,8 m de haut,
une enceinte fortifiée en creux, bordée de blocs.
Cf. Plan détaillé - figure 49 -
La tradition actuelle, confirmée par BURROWS (1937 : 69), rapporte que dans plusieurs de ces sépultures, le corps des “rois” était disposé sur les genoux de serviteurs enterrés vivants.
La lettre d’un missionnaire datée de 1896, citée par BLANC, décrit ainsi une “fouille” qui aurait vraisemblablement été réalisée à cet endroit :
“NOUS VENONS DE FAIRE A WALLIS, UNE INTERESSANTE DECOUVERTE EN VISITANT LES TOMBES D‘ANCIENS ROIS. ON A TROUVE LA, LES SQUELETTES DE HUIT CHEFS, CELUI DU ROI HAVEA, ET DE SEPT AUTRES CHEFS. ILS ETAIENT ETENDUS SUR LE DOS SELON LA MANIERE HABITUELLE. A LEURS PIEDS, REPOSAIENT LES OSSEMENTS DE DOUZE ESCLAVES QUI AVAlENT ETE ENTERRES ACCROUPIS ET ATTACHES”. (BURROWS 1937 : 42.)
L’emplacement de cette “fouille”, est certainement le point C de la figure 49.
ATUVALU est un lieu respecté, ayant une forte connotation de sacralité :
“le Chef HOKO me dit que les indigènes sont encore effrayés de cultiver ces parcelles”. (BURROWS 1937- 41).
D’après Henquel, citant BATAILLON, BURROWS rapporte le chant suivant qui fait référence à ATUVALU, et qui était chanté lors de la grande fête annuelle des dons de prémices :
" LAUSIKULA MO TE ATUVALU
KO TE FAKATAHIAGA O TE HAUT
FAITOKA O PUHI MO KAKAHU
KO VAl TUTULU E KA TO
FAKAHOLO FAGONA KUA HOPO
TAMA OIO LAVA OIO
TE FETU’U KUA TO KI LALO
TUI ALAGAU FAI ENE AGA
AFIAFI PEA TAKI TE MALAMA
KO TONA TAUMEPE TE POLATA
TUUSI TE ULU AVE KI TOKAGA
PANI KULA KE MALAMA
O MAMATA AI LA E TAGATA ”.
L’ensemble de la pointe de LAUSIKULA se trouve ceinturé par un fossé se terminant de chaque côté, par deux à pics sur le bord de mer, l’un au-dessus de VAIMALAU, l’autre au-dessus d’UTULEVE. Ce fossé délimite la zone très sacrée d’ATUVALU (figure 49). L’ensemble de ce fossé possède un caractère défensif, il a été creusé au sommet d’une pente naturelle et au Nord, où il est le mieux conservé, il atteint une largeur de 12 mètres pour une profondeur intérieure de 6 mètres. La pente extérieure plus basse, possède un talus de terre parfois surmonté d’un alignement de pierres. Au Sud, il conserve les mêmes caractéristiques, mais avec le temps le fossé s’est comblé. Tout au long de ce fossé, on a pu relever cinq voies d’accès le traversant.
Une plate forme carrée de 40 mètres de côté forme une entrée monumentale devant l’accès n° 2 (figure 49). On remarque à l’intérieur de l’enceinte d’ATUVALU un ensemble de murets de 1 mètre de haut en moyenne, et d’une épaisseur de 0,40 mètre. L’un de ces murets traverse le fossé par la voie d’accès n° 3 et se prolonge le long de la pente jusqu’à la route ancienne MU 148 qui relie VAIMALAU à UTULEVE,
LES SEPULTURES D’ATUVALU (FIGURE 49)
Sur l’ensemble des huit tombes qui s’échelonnent le long de la crête on peut remarquer deux types de sépultures. Les tombes F, G, H, J et K sont ovales, sans entonnage de blocs de pierre et légèrement surélevées, d’environ 0,50 mètre. Elles sont de type Bi. Toutes ces tombes sont recouvertes sous le sol humifère d’une couche de sable corallien. Les tombes I et A (qui ont fait l’objet de la fouille) ont un entourage rectangulaire fait de pierres plates enfoncées de dans le sol, elles sont de type D.
On ne remarque pas de sable corallien à la surface de ces tombes par contre, l’espace délimité est entièrement recouvert de cailloutis de bord de mer.
La sépulture choisie pour la fouille (figure 49, point A) est au centre d’un vaste ensemble organisé, elle est la mieux conservée. Elle se trouve, avec celle qui est plus au Sud, au point le plus élevé de la crête sur laquelle toutes ces tombes sont disposées.
LA FOUILLE DU SITE WF U MU 020 A (FIGURE 50) - Planche photos
L’ensemble de l’espace funéraire comprend un vaste tertre ovale de 37 m de long sur 20 m de large. La partie Nord de cet espace est marquée par la présence d’une zone rectangulaire de 8m x 6m, délimitée par des pierres plates de basalte enfoncées dans le sol.
L’ensemble de ce tertre est parsemé de cailloutis de bord de mer, ils sont roulés donc de forme très arrondie et d’un diamètre moyen de 3 centimètres. On observe une très grande épaisseur de ces cailloutis au centre même de la structure entourée.
Fig 50
La fouille (figure 50 et photo n° 2) a mis au jour un type de sépulture différent de celui en caveau ouvert par les missionnaires en 1896. Au milieu de l’espace entouré de pierres plates se trouvait un couple enterré sous une épaisseur moyenne de 0,25m de cailloutis. Des dépôts humifères sont venus se rajouter plus tard dans les cailloutis. L’homme mesure 1,94m, il repose sur le dos, allongé sur un lit de cailloutis et il porte autour du cou des ornements, une huitre perlière et une perle en corail. Le corps a été recouvert de sable coraillien marin grossier, (la taille de ce sable est de l’ordre du centimètre), puis de cailloutis. Une lame d’herminette (de type 22 a de GARANGER 1972) se trouvait dans le sable au niveau de sa poitrine.
Par opposition, la femme qui a été enterrée vivante à ses côtés a été déposée, sur le dos, mais sur un lit de sable marin très fin. Elle mesure 1,64m. Pour tout ornement, elle a sept ARCIDAE déposés à ses pieds. Le corps a été recouvert de sable marin très fin, puis de cailloutis comme l’homme. Les pieds de la femme avaient été vraisemblablement attachés, ainsi que ses poignets. Après la mise en sépulture, la suppliciée a relevé la tête et des cailloux provenant de la surface se sont logés entre le sol et l’occiput. La femme a également ramené ses jambes vers elle et les mêmes cailloutis qui la recouvraient se sont amoncellés sous sa jambe gauche qui s’est soulevée (photo n°2).
De grosses racines ont partiellement modifié les positions initiales des corps. La main droite de l’homme devait être posée sur sa hanche, comme l’est sa main gauche et la femme devait avoir les mains liées sur le ventre. Enfin les boites craniennes étaient peuplées de racines, elles ont été fortement endommagées.
La coupe de la sépulture (figure 50) a montré que la plate forme sur laquelle se trouve la sépulture a été en partie agrandie et aménagée par de très importants apports de terre. On retrouve encore au pied de la crête deux grandes fosses (point B de la figure 49), d’où la terre argileuse a été extraite.
Plus au Nord, il y a d’autres fosses qui devaient être des vestiges de l’aménagement des autres sépultures qui se trouvent en face. La pente de la colline, au niveau de la sépulture est dotée de murets de soutènement (figure 49).
L’espace au sommet de la crête a été aménagé puis légèrement creusé pour y disposer les corps qui reposent à la fois sur le sol argileux rouge en place de la colline et sur le sol argileux noir rapporté, (figure 50).
La coupe du site en XV (figure 51) fait apparaitre la fosse (B) d’où a été extrait le sol argileux noir et le réaménagement (D) de la crête sur laquelle se trouve la sépulture. Manifestement, la sépulture et son aménagemnent ont été intentionnellement réalisés pour le personnage central, l’homme, qui repose au centre exact de l’espace entouré.
D’après la tradition, cet homme pourrait être PUHI, le souverain mythique , qui aurait règné avant la première dynastie. Le chant d’ATUVALU rapporté par BURROWS, cité plus haut, mentionne que ce roi mythique est enterré là. Il tient la première place dans l’énumération des hauts personnages qui reposent à ATUVALU.
On trouve quelques tessons de poterie dans ce site. En surface des cailloutis, on a relevé 12 tessons de poterie, dont une anse disposée verticalement depuis le bord du récipient (figure 52).
Dans les 10 centimètres sous la surface, toujours dans les cailloutis, on a trouvé sept autres tessons non décorés. Toute cette poterie au dégraissant basaltique est très dure, elle est caractéristique de la céramique récente dite d’UTULEVE III.